L'alimentation ou
prise alimentaire ou encore ingestion est la première étape de la
fonction digestive au sens large. Les aliments liquides sont avalés,
les aliments solides sont mastiqués (appareil masticateur comprenant
les dents) et subissent un début de digestion (modification
chimique) par les enzymes contenues dans la salive sécrétée par les glandes
salivaires. L'homme présente deux dentitions successives: les dents
"de lait" et les "dents définitives" comprenant 32 dents: 2 incisives (dents
terminées "en lame"), 1 canine (pointue), 2 prémolaires et 3 molaires
(toutes massives broyeuses) par demi-mâchoire soit 8x4=32 dents au total. Les aliments subissent une digestion mécanique (fragmentation, émulsion...) et une digestion chimique (hydrolyse des grosses molécules par des enzymes) pour être transformés en nutriments qui sont les éléments nutritifs pouvant être absorbés. La digestion se fait tout le long du tube digestif, même si l'on observe une régionalisation, chaque partie ayant un rôle plus spécifique: Les enzymes digestives et le mucus facilitant la digestion chimique sont
sécrétées par des cellules tout le long du tube digestif (suc gastrique
de l'estomac et suc intestinal de l'intestin essentiellement) et par
des glandes annexes: glandes salivaires et pancréas ainsi que
le foie qui sécrète la bile, stockée dans la vésicule
biliaire, qui facilite la digestion des lipides. |
Le tube digestif est le lieu de l'absorption des nutriments (qui peut être réalisée au niveau de toutes les muqueuses). Même si l'alcool est absorbé dès l'estomac, la quasi totalité des nutriments est absorbée au niveau de l'intestin grêle. Le gros intestin assure essentiellement l'absorption d'eau. Le passage des nutriments se fait par voie cytoplasmique à travers la cellule absorbante ou entérocyte. L'absorption est facilitée par l'extraordinaire développement de la surface de contact entre les nutriments et la muqueuse intestinales (estimation de 340 m2 de surface interne pour l'intestin grêle) grâce à des replis, villosités et microvillosités intestinales. Les glucides passent sous forme de glucides simples (monosides) et sont pompés par les cellules des vaisseaux dans le plasma sanguin, les protides passent sous forme d'acides aminés ou de dipeptides et sont aussi pompés vers le sang, les lipides passent sous forme d'alcool, d'acides gras (A.G.) et de mono- ou di-glycérides. Ces derniers sont retransformés en triglycérides au niveau de l'entérocyte et sécrétés sous forme de gouttelettes lipidiques (chylomicrons) dans les vaisseaux lymphatiques (ou chylifères). La lymphe se déversant dans le sang (au niveau du carrefour veine sous-clavière - veine cave supérieure), tous les nutriments se retrouvent en dernier ressort dans le sang et ils sont distribués aux cellules. |
L'assimilation regroupe les réactions nécessaires pour transformer les nutriments sous une forme propre à l'organisme (on parle de substance assimilable). Le métabolisme regroupe l'ensemble des réactions chimiques de l'organisme, qu'elles soient des synthèses (anabolisme) ou des dégradations (catabolisme). Les nutriments énergétiques ne sont pas assimilables au sens strict. Ils sont utilisés par le métabolisme respiratoire ou fermentaire des cellules (voir chapitre précédent): ce sont essentiellement le glucose, et les triglycérides, accessoirement les acides aminés. Les glucides sont stockés dans le foie (sous forme de glycogène) et le tissu adipeux (sous forme de graisses elles-mêmes constituées de triglycérides) et redistribués en fonction des besoins. Les muscles possèdent leur propres réserves (limitées) de glycogène. Les acides aminés ne sont pas stockés mais directement utilisés pour des synthèses. Tous les types de nutriments produisent des éléments assimilables incorporés aux structures ou aux complexes fonctionnels des cellules. Les molécules des cellules sont perpétuellement renouvelées à des vitesses variables : c'est le renouvellement moléculaire qui touche toutes les cellules de l'organisme. |
Les glandes sudoripares
rejettent de l'eau et des ions, ainsi que les glandes salivaires,
mais les organes de l'excrétion sont : les poumons qui rejettent le
dioxyde de carbone, de l'eau et des substances volatiles comme l'alcool ; le
foie qui rejette de nombreux produits toxiques dans la bile ;
et surtout les reins qui filtrent le sang et rejettent de l'eau, de
l'urée et de nombreux ions par l'urine, stockée dans la vessie.
La totalité du volume sanguin est filtrée 30 fois par jour. Les reins sont
formés d'un grand nombre de tubes ou néphrons qui récupèrent le
plasma filtré (urine primitive) et le concentrent en réabsorbant de très
nombreuses substances totalement (glucose) ou partiellement (urée, Na+) ou
en en sécrétant d'autres (K+). La quantité d'urine et sa concentration
dépendent des disponibilités en eau et de l'alimentation. La miction
(fait d'uriner) est à la fois sous commande volontaire et réflexe. les matières fécales constituant les féces ne contiennent que 25% des résidus de la digestion (fibres végétales ou conjonctives non digérées...) et notamment de nombreux cadavres de micororganismes de la "flore intestinale". Les 75% restant proviennent des sécrétions biliaires, pancréatiques et intestinales. |
L'équilibre alimentaire peut être défini comme un état stable dynamiquement où l'apport alimentaire compense les dépenses: état idéal où la quantité de nutriments couvre les besoins énergétiques, de croissance et de renouvellement moléculaire, sans excédent. Il est évident que cet état est théorique car l'organisme a la capacité de faire des réserves (sauf des réserves en eau, ce qui empêche le jeune sans boisson pour une durée supérieure à quelques jours : les apports quotidiens recommandés étant d'environ 2,5 L en comptant l'eau alimentaire). Du point de vue des besoins qualitatifs, l'homme doit trouver dans son alimentation certains acides aminés indispensables qu'il ne peut synthétiser seul, ainsi que des acides gras qualifiés d'essentiels. Le terme ancien de vitamine désigne aussi certains éléments indispensables. L'équilibre qualitatif entre glucides, lipides et protides est classiquement visualisé par la formule: 421=GPL. |
Les glandes salivaires de l'homme au sens strict comportent trois paires de glandes (et sont accompagnées de nombreuses petites glandes buccales muqueuses à sécrétion permanente): les glandes parotides, postérieures, (qui débouchent dans la cavité buccale par le canal de Sténon au niveau de la deuxième molaire supérieure), les glandes sous-maxillaires, le long de chaque mandibule (débouchant par le canal de Wharton sur le côté de l'attache de la langue), et enfin les glandes sublinguales, sur le plancher buccal inférieur (canal de Rivinus). La salive est un mélange des sécrétions de ces trois glandes.
Seules les glandes parotides n'ont que des cellules séreuses (qui sécrètent des
enzymes digestives), les deux autres paires de glandes salivaires comportent
aussi des cellules muqueuses sécrétant le mucus (glycoprotéines
essentiellement).
L'appareil digestif est constitué d'un tube présentant de
nombreuses différenciations locales liées à différentes fonctions (régionalisation)
: prise alimentaire, mastication et début de digestion chimique (bouche, dents,
glandes salivaires), transit pharyngien puis œsophagien, digestion mécanique et
chimique stomacale (l'estomac est un muscle mais aussi une glande),
fragmentation pylorique, digestion chimique et absorption intestinale
(l'intestin est musculaire et glandulaire mais il y a aussi de nombreuses
glandes qui débouchent dans l'intestin : pancréas, vésicule biliaire, foie...),
réabsorption d'eau colo-rectale, régulation du rejet anal. Des muscles
circulaires (sphincter) régulant le transit et la fragmentation du bol
alimentaire et s'ajoutent au pharynx associé à la fonction de déglutition : le
cardia, à l'entrée de l'estomac, le pylore à sa sortie, qui régule le passage
dans le duodénum et fragmente le bol alimentaire; et le sphincter anal qui
contrôle le rejet des excréments (fèces). Les longueurs ne sont pas respectées
sur le schéma : moins du demi-mètre pour l'œsophage, 6 m de long pour l'intestin
grêle (pour une diamètre de 3 cm) et environ 1,5 mètres pour le gros intestin
pour un diamètre de 10 cm. L'origine embryonnaire du tube digestif est
ectodermique (couche cellulaire embryonnaire la plus externe) pour la partie
buccale et anale, et endodermique (couche cellulaire embryonnaire la plus
interne bordant la cavité primitive ou blastocœle) pour la plus grande partie de
son trajet. (schéma in Précis de physiologie, Doin,
1997)
La digestion buccale commence
par l'imprégnation du bol alimentaire par la salive, résultat du
broyage des aliments par les dents avec l'aide de la langue. La salive
correspond à un volume de 0,8 à 1,5 L par jour (99% d'eau). Le mucus salivaire
(composé de glycoprotéines) à un rôle mécanique (lubrifiant), antibactérien
(piège), de pouvoir tampon (pH maintenu à 6,8 préservant l'émail de l'acidité de
certains aliments ou certaines boissons). Le tartre provient de la
précipitation de carbonate de calcium à partir des phosphates présents dans les
sécrétions salivaires. La plaque dentaire résulte pour une bonne part de
l'activité de bactéries, d'où la nécessité d'un brossage régulier, notamment au
niveau de l'arrivée des canaux salivaires.... On a prouvé que, dans 90% des cas
environ, ce sont les bactéries buccales qui produisent du sulfure d'hydrogène,
du méthylmercaptan et du scatole, gaz nauséabonds et responsables de la mauvaise
haleine, le brossage dentaire fréquent restant la meilleure façon de s'en
débarasser (lire "La mauvaise haleine", Mel Rosenberg, Pour la Science,
295, mai 2002, 46-50). La salive contient aussi de l'amylase
(enzyme dégradant l'amidon) dont l'optimum d'activité se situe à pH 7 (il y a
donc un début de digestion chimique au niveau de la bouche). La salivation est
un action réflexe sous l'effet du contact d'aliments ou de boissons (eau) dans
la bouche ou encore par réflexe conditionné (vue, odeur, goût...).
La déglutition résulte de contractions musculaires d'abord du pharynx
(avec fermeture simultanée des voies respiratoires par l'épiglotte qui ferme la
trachée et la luette les fosses nasales), puis des mouvements péristaltiques
(ondes de contraction régulières permettant la descente du bol alimentaire) de
l'oesophage. Avaler une bouchée "de travers" ou "par le mauvais trou", peut
conduire à des étouffements pas si peu fréquents que cela (les étouffements
accidentels d'enfants de moins de 3 ans avec les cacahuètes de l'apéritif du
samedi soir ne sont pas du tout rares....). Le premier problème étant la
fragmentation de l'aliment, ensuite son imprégnation qui constitue une
lubrification indispensable, et enfin une bonne coordination nerveuse pour les
ouverture-fermeture réflexes des voies aériennes et digestives (le fait de
parler en mangeant oblige à une gymnastique au niveau du pharynx qui est sans
aucun doute cause d'erreurs de direction de la bouchée alimentaire...voir "je
parle"). L'œsophage n'est pas un simple conduit. Sa muqueuse contient des
cellules sécrétrices du même type que celles de l'estomac à son extrémité
œsophagienne ou cardiale (glandes cardiales).
Schéma présentant sommairement les organes de l'appareil digestif au sens large
de nutritif: tube digestif (représenté très partiellement), le foie, la vésicule
biliaire, le pancréas, et enfin le rein qui assure l'excrétion. Les relations
vasculaires entre ces organes sont aussi essentielles pour appréhender les
fonctions de nutrition. Mais il manque le reste de l'appareil circulatoire et
notamment l'appareil lymphatique.
Régionalisation du tube digestif... données histologiques (d'après Précis de
Physiologie, Doin, 1997)
Ce type de représentation permet de mettre en évidence le rôle mécanique
(mise en mouvement permanent par contractions péristaltiques du contenu de la
lumière intestinale, la cohérence du tube étant assurée par une dominante
conjonctive, le tube est élastique - extensible), le rôle sécréteur
(glandes sécrétrices acineuses (en forme d'ampoule) et en tube qui permettent
une digestion chimique par leurs sécrétions enzymatiques ou acides) et enfin le
rôle immunitaire (défense de l'organisme : la muqueuse intestinale est un
point d'entrée possible de microorganismes, les cellules lymphoïdes regroupées
en tissus lâches constituent le premier élément de la réponse locale à la
pénétration d'un antigène). Il manque par contre la dimension longitudinale
(ne pas oublier que l'on a un tube) et surtout le rôle de la muqueuse dans l'absorption
des nutriments, l'extraordinaire surface de l'intestin grêle, la richesse de
sa vascularisation lymphatique et sanguine, ne sont pas mis en évidence. Ce que
l'on peut essayer de représenter par des schémas classiques que je ne détaille
pas mais dont voici la silhouette :
Schémas présentant le structure longitudinale de l'intestin
(d'après Précis de physiologie, Doin, 1997; à comparer avec ceux du Tavernier p
73).
Cette fois l'accent est mis sur les caractères de zone absorbante : les
nombreux replis circulaires (8 à 10 mm de haut pour un diamètre de l'intestin
grêle voisin de 3 cm), les innombrables villosités (0,5 à 1,5 mm de haut, avec
une densité supérieure à 3000 par cm2 de muqueuse) et leur
vascularisation sanguine et lymphatique. Il reste à détailler l'ultrastructure
d'un entérocyte ou cellule absorbante, présentant elle-même de très nombreux
replis ou microvillosités (environ 200 000 par mm2 avec une hauteur
de l'ordre de 1 µm), pour avoir une vue d'ensemble des structures impliquées
dans l'absorption intestinale. Le facteur d'augmentation de la surface
intestinale par rapport à un tube simple est de l'ordre de 600, ce qui fait
pour un intestin grêle de 6 m de long et de 3 cm de diamètre une surface de
2¼.0,015.6.600 m2 soit 340 m2.
La digestion gastrique est
La digestion intestinale est aussi mécanique avec l'action des fibres lisses qui fragmentent le chyme et assurent sa progression le long de l'intestin, et chimique par l'action conjuguée des sucs intestinaux, pancréatiques et biliaires. Au niveau du gros intestin on observe une intense activité bactérienne.
La digestion et l'absorption sont contrôlées par
Toute muqueuse peut absorber des
substances (c'est d'ailleurs la voie de pénétration privilégiée pour les
microorganismes pathogènes) mais la muqueuse spécialisée dans l'absorption des
nutriments est la muqueuse intestinale.
En effet, l'eau, les sels minéraux et l'alcool commencent à être absorbés au
niveau de l'estomac mais la quasi totalité des nutriments organiques de type
glucidique, protidique et lipidique se fait par l'entérocyte. Il y a donc
passage intracytoplasmique.
Schéma d'un entérocyte montrant ses rôles dans l'absorption des
nutriments (hauteur de la cellule quelques
dizaines de micromètres).
L'absorption des glucides (sous forme de sucres simples ou monosides) et des
petits peptides (dipeptides et tripeptides) et acides aminés (produits de la
dégradation des polypeptides) se fait par des transporteurs membranaires
spécifiques et ces nutriments sont transportés par le sang, alors que
l'absorption des produits de l'hydrolyse des lipides (AG, glycérol, mono et
diglycérides) se fait par des vésicules de pinocytose (qui passent ensuite par
le REL (réticulum endoplasmique lisse) et l'appareil de Golgi où ils sont
transformés en triglycérides), puis ils sont transportés par les capillaires
lymphatiques (chylifères) sous forme de gouttelettes ou chylomicrons contenant
essentiellement des triglycérides.
Les enzymes |
Les enzymes sont des biocatalyseurs (catalyseurs de réactions biochimiques c'est-à-dire appartenant au métabolisme) . Ce sont soit quelques rares acides nucléiques (RNA ou ribozymes) soit, pour la quasi totalité des enzymes, des protéines. Elles ont une haute spécificité de substrat (agissent sur un substrat souvent unique) et d'action (accélèrent des réactions chimiques spécifiques), agissent en solution aqueuse, dans des conditions de température et de pH très douces (optima situés bien sûr dans les conditions du vivant). Les enzymes sont souvent regroupées structurellement en complexes enzymatiques, liés au membranes biologiques ou libres dans le cytoplasme, ce qui accélère grandement le passage des métabolites d'une enzyme à une autre (le produit de l'une est le substrat de l'autre et ainsi de suite, le long de chaînes enzymatiques). |
Les enzymes protéiques
nécessitent souvent un cofacteur (ion comme Fe2+ ou une métalloprotéine
appelée coenzyme). La réaction enzymatique se caractérise par le fait qu'elle se réalise à l'intérieur d'une poche appelée site actif. L'enzyme se fixe au substrat, catalyse la réaction, puis se libère des produits: elle est donc restituée intégralement en fin de réaction. Du point de vue énergétique, l'énergie fournie par l'enzyme lors de la catalyse est en fait due à l'établissement de très nombreuses liaisons faibles au niveau du site actif entre l'enzyme et son substrat (énergie de liaison).
|
Les enzymes sont classées en
fonction des réactions qu'elles catalysent. Leur nom courant est souvent formé du nom du substrat auquel on ajoute le suffixe -ase (exemple l'uréase catalyse l'hydrolyse de l'urée). Mais un système international de dénomination est de classification a été adopté répartissant les enzymes protéiques en 6 classes: 1- les oxydoréductases, 2 - les transférases, 3 - les hydrolases, 4 - les lyases, 5 - les isomérases, 6 - les ligases |
Le transport des nutriments se fait
toujours, en dernier ressort, par le sang, même si, pour les AG,
l'absorption intestinale se termine par une prise en charge par les vaisseaux
lymphatiques (chylifères) qui déversent leur contenu dans le sang au niveau du
carrefour veine jugulaire-veine sous-clavière gauche. Plus exactement, c'est le
plasma qui transporte les nutriments, mais aussi les produits du
métabolisme dont les déchets (on parle de métabolites), les hormones, les
immunoglobulines. (Le plasma est la phase non cellulaire du sang. Cette dernière
est estimée par un chiffre : l'hématocrite (volume cellulaire (globules
rouges, blancs et plaquettes) / volume sanguin x 100) dont la valeur varie de 44
à 62% chez le nouveau-né, 36 à 44% chez un enfant de 1 an, 35 à 47% chez la
femme et 40 à 52% chez l'homme; je rappelle aussi que le sérum correspond au
plasma après coagulation, c'est-à-dire débarrassé du fibrinogène).
Les substances solubles dans l'eau sont transportées directement en solution
(certains sels minéraux, urée, glucides..., d'autres, moins solubles, sont
transportées par des protéines spécifiques (transferrine transportant le fer) ou
non spécifiques (albumine qui transporte de nombreuses substances comme la
bilirubine). Le lipides ont un système de transport particulier complexe : les
chylomicrons lymphatiques issus de l'absorption intestinale (98% de lipides)
sont détruits au niveau des cellules endothéliales (paroi des vaisseaux
lymphatiques et sanguins) et fournissent des triglycérides aux cellules
adipeuses (graisse) et musculaires. Simultanément les chylomicrons sont captés
par les hépatocytes (cellules du foie) qui libèrent des lipoprotéines
plasmatiques (association complexe de phospholipides, triglycérides, cholestérol
libre et estérifié et AG).
Composition du plasma |
||
protéines | albumine | 40 - 45 g/L |
globulines | 25 - 40 g/L | |
fibrinogène | 2 - 4 g/L | |
total |
70 - 80 g/L |
|
lipides |
5 - 6 g/L |
|
cholestérol |
1,7 - 2 g/L |
|
glucides |
0,9 - 1,1 g/L |
|
urée |
0,25 - 0,50 g/L |
|
acide urique |
0,02 - 0,04 g/L |
|
sel minéraux | sodium | 14 mmol/L |
potassium | 4 mmol/L | |
calcium | 2,5 mmol/L | |
phosphate | 1 mmol/L | |
total |
8 - 9 g/L |
La lymphe possède une composition chimique voisine de celle du plasma sauf en ce qui concerne les protéines présents en bien moindre quantité dans celle-ci du fait de sa formation par ultrafiltration du plasma à travers la barrière endothéliale. Par contre, il faut bien sûr y ajouter les chylomicrons, présents, surtout au niveau du système lymphatique digestif, en très grande quantité.
Remarque:
Ces lipoprotéines sont classées en fonction de leur densité évaluée à partir de
la technique de l'ultracentrifugation de flottation en VLDL (very low density
lipoprotein, 93% de lipides), LDL (low density lipoprotein, 79% de lipides) et
HDL (high density lipoprotein, 50% de lipides). Les VLDL sont produites par le
foie à partir des chylomicrons. Elles sont transformés en LDL par les cellules
endothéliales qui libèrent ainsi des triglycérides utilisés par les cellules
adipeuses et musculaires. Les LDL sont captés par la quasi-totalité des cellules
de l'organisme qui utilisent les AG comme nutriment. Ces cellules libèrent à
leur tour des HDL (dont un des rôles essentiel est de fixer le cholestérol) qui
sont récupérés par le foie. Le taux de cholestérol sanguin est un facteur
important de la formation de plaques ou athéromes au niveau des vaisseaux. Ils
peuvent conduire à une maladie: l'athérosclérose qui touche notamment les
artères coronaires (rétrécissement ou même obturation complète de la lumière des
coronaires) et conduit souvent à un infarctus du myocarde par manque d'apport
sanguin au tissu myocardique. L'indice le plus utilisé est d'une part le taux de
cholestérol libre et d'autre part le rapport LDL/HDL. Les macrophages sont
connus pour phagocyter les LDL et accumuler le cholestérol. En cas de stress,
tabagisme et d'autres facteurs susceptibles de causer des microlésions de
l'endothélium vasculaire, les macrophages, attirés sur le lieux de la lésion par
les plaquettes agglomérées, phagocytent les LDL et participent activement à la
formation de l'athérome.
Les nutriments transportés par le sang sont distribués aux cellules par l'appareil circulatoire.
Un schéma général de la circulation montrant la distribution des nutriments par
le réseau artériel car c'est vers lui que convergent le circuit lymphatique et
veineux (tous deux à basse pression) et c'est bien lui qui distribue les
nutriments par perfusion des tissus au niveau des capillaires qui sont les
véritables zones d'échanges. Il y a très peu de passage vers les tissus au
niveau des vaisseaux lymphatiques et veineux.
Les substances organiques de type glucides simples sont toujours totalement absorbées et sont donc absentes des excréments. De même pour la plupart des glucides complexes sauf les fibres alimentaires qui nécessitent des fermentations plus longues réalisées essentiellement chez les ruminants et autres animaux possèdent une riche "flore" symbiotique. Les lipides excédentaires peuvent aussi se retrouver dans les excréments. Enfin les seules protéines résiduelles qui peuvent se retrouver dans les fèces sont des fibres musculaires et surtout conjonctives. Ainsi l'organisme absorbe toujours le maximum de nutriments, non pas pour ses besoins, mais par rapport à l'aliment ingéré (en quantité et en qualité). D'où les problèmes d'équilibre alimentaire que nous aborderons dans le dernier chapitre.
Le terme d'assimilation
désigne la transformation que doit subir un matériau exogène (ici un nutriment)
pour devenir constituant normal d'un organisme, lorsqu'il diffère originellement
de celui-ci avant d'y avoir été incorporé. Le glucose par exemple est un
nutriment fourni directement sous une forme assimilable, mais il peut être
transformé en N-acétylglucosamine ou en glucose-6P pour pouvoir entrer dans le
métabolisme cellulaire.
Le métabolisme désigne l'ensemble des réactions chimiques ayant lieu au
sein de l'organisme. On les sépare habituellement de façon un peu artificielle
en anabolisme (réactions de synthèse) et catabolisme (réactions de
dégradation, ou simplification moléculaire). Toutes les molécules de l'organisme
subissent un certain renouvellement au cours du temps: on parle de
renouvellement moléculaire. Le temps de renouvellement (mesuré par la
demi-vie, temps nécessaire pour que l'on renouvelle la moitié d'une quantité
donnée d'un produit marqué radioactivement qui sert de traceur) est estimé à
quelques secondes pour des systèmes enzymatiques, quelques heures pour des
systèmes comme le réseau de l'os compact, quelques jours pour des protéines
hépatiques par exemple ou encore les protéines plasmatiques à quelques mois pour
les protéines contractiles musculaires. Il est possible que des temps de
renouvellement plus longs ne soient pas accessibles à la mesure...
Les
glucides mesurés dans le sang
correspondent à la glycémie dont la valeur est comprise entre 0,8 (à
jeun) et 1,1 (après un repas) g/L. Elle est soigneusement réglée par voie
endocrine à l'aide :
* d'organes de stockage
- le foie, principal organe de stockage (sous forme de glycogène) et de
déstockage, donc de la régulation de la glycémie; mais il est rapidement saturé
si l'alimentation est trop riche;
- les muscles, qui stockent le glucose sous forme de glycogène mais ne peuvent
pas le restituer au sang, ce sont donc des utilisateurs du glucose, au même
titre que les cellules nerveuses par exemple, la seule différence étant qu'ils
ont des réserves intracellulaires de glucose (limitées elles aussi);
- les cellules adipeuse (adipocytes) stockent le glucose sous forme de
triglycérides (graisses) en quantité quasi illimitée. Les adipocytes peuvent se
multiplier chez l'adolescent obèse qui aura alors toujours une certaine
propension à stocker des excédents de lipides. Quels que soient les régimes
ultérieurs il semble que le nombre d'adipocytes ne diminue plus, même si la
réserve de lipides de chaque adipocyte peut être réduite. Les adipocytes peuvent
par contre restituer leurs glycérides et c'est le foie qui pourra les
transformer à nouveau en glucose afin de fournir les cellules nécessitant le
glucose comme source énergétique (les neurones par exemple).
Les glucides ont bien sûr un rôle énergétique essentiel car c'est le glucose 6P
qui est le point de départ des réactions de la respiration cellulaire et de la
fermentation qui fournissent donc leur énergie à toutes les cellules de l'homme.
Mais les glucides sont aussi des composants essentiels des molécules
informationnelles (glycoprotéines par exemple mais aussi les sucres intervenant
dans les acides nucléiques...) et structurales.
Les lipides sont toujours présents dans le sang et stockés dans les adipocytes. Certains tissus comme le tissu musculaire ou le tissu intestinal peuvent les utiliser directement comme source énergétique. Ils ont aussi bien sûr de nombreux rôles structuraux (phospholipides des membranes cellulaires par exemple) et informationnels (les hormones stéroïdes sont des dérivés du cholestérol...). Le tissu adipeux, pouvant restituer les lipides stockés, est une véritable tissu de régulation de la distribution sanguine des lipides.
Les acides aminés ne sont pas stockés. Ils sont directement utilisés par les cellules pour leurs besoins. Essentiellement les besoins structuraux car les acides aminés sont bien sûr les constituants des protéines mais ils ne faut pas oublier que les protéines n'ont pas que des rôles structuraux mais fournissent les enzymes, les protéines contractiles, de nombreuse hormones, le collagène.... Enfin, certaines cellules, comme les cellules musculaires striées, peuvent, en cas de jeune prolongé, utiliser les acides aminés comme source énergétique. Étant perpétuellement utilisés pour la synthèse des protéines, les acides aminés sont aussi en permanence dégradés et fournissent des composés azotés dont l'urée est un des éléments essentiels qui est éliminé principalement par le rein.
La prise de poids peut avoir des sources pathologiques ou héréditaires variées mais peut résulter d'un excès nutritionnel quantitatif et qualitatif. Ce n'est jamais un signe à négliger, qu'il soit à caractère psychologique ou strictement biologique (dans la mesure où cela est possible). De la même manière une perte de poids est souvent un signe pathologique chez un enfant.
Le rejet de sueur n'est pas
vraiment un phénomène d'excrétion mais un phénomène de thermorégulation (voir
j'ai froid, j'ai chaud), même si les glandes sudoripares rejettent de
l'eau et des ions (chlorures notamment).
Les glandes salivaires éliminent aussi des sels de métaux lourds, l'acide
urique, les alcaloïdes mais leur fonction principale est bien la digestion
chimique.
Les poumons en rejetant le dioxyde de carbone, l'eau (vapeur d'eau) et
d'autres substances volatiles (alcool, acétone...), participent bien sûr de
façon essentielle à l'excrétion.
Les déchets solubles (non gazeux) produits par le métabolisme arrivent le plus souvent au foie. C'est lui qui détoxifie une bonne part des substances dangereuses produites par les cellules ou les médicaments consommés par l'homme. Une bonne part de ces substances sont rejetées directement par le foie sous forme de bile, stockée provisoirement dans la vésicule biliaire, puis rejetée dans la lumière intestinale où elle participe à l'émulsion des lipides et donc à la facilitation de la digestion. En dernier lieu ces produits sont donc rejetés avec les excréments.
Le foie est un organe de grande taille et fortement irrigué en rapport avec son
important rôle endocrine (sécréteur d'hormones ou médiateurs endocrines) et ses
rôles dans l'excrétion.
Mais la majeure partie des déchets solubles rejetés par le foie ou rejetés directement par les cellules est éliminée par les reins.
L'appareil urinaire (formé de deux reins), fortement irrigué, aboutit à la
vessie (organe impair).
Les reins sont des organes complexes que l'on peut fonctionnellement considérer
comme un assemblage de plus d'un million de néphrons: chaque néphron
étant un tube de longueur variable et aveugle à une extrémité et
présentant une différenciation longitudinale. La partie du néphron située dans
la zone corticale est constituée d'une capsule (dite de Bowman) qui recueille le
plasma filtré à travers une couche de cellules poreuse au niveau d'un peloton
capillaire ou glomérule : on obtient ainsi un premier filtrat sanguin ou
urine primitive dont la composition est voisine de celle du plasma mais sans
les protéines (diamètre des pores d'environ de 1,8 nm). Tout au long du tube,
l'urine primitive est modifiée par réabsorption du glucose (au niveau du tube
contourné proximal) ou des petites protéines, de l'urée de nombreux ions ainsi
que par concentration du fait de la réabsorption d'eau, qui a lieu
essentiellement au niveau du tubule collecteur de Bellini. L'urine définitive
est évacuée vers le bassinet puis vers la vessie; elle ne contient ni
glucose, ni protéine mais des ions, de l'urée et bien sûr de l'eau (30 à 70
g/L de substances dissoutes pour un volume d'environ 600 mL à 2500 mL par 24h :
comme la filtration glomérulaire est de l'ordre de 180 L/jour - soit 30 fois
le volume sanguin total-, l'eau est donc réabsorbée à près de 99%).
Compositions comparées du plasma et de l'urine |
||||||
substance |
P |
U |
valeur du rapport U/P |
quelques valeurs théoriques des quantités filtrées, réabsorbées (ou dégradées) et rejetées en tenant compte des 180 L de plasma filtrés par jour et du 1,5 L d'urine quotidien excrété pour les substances passant librement le filtre glomérulaire | ||
quantité
filtrée |
quantité
réabsorbée ou dégradée (%) |
quantité
excrétée |
||||
protéines totales |
70 |
0 |
0 |
ne passent quasiment pas le filtre | ||
urée |
0,20 - 0,40 |
15 - 30 |
60 -70 |
36 - 72 |
0 - 49,5 |
22,5 - 45 |
acide urique |
0,045 |
0,09 - 1,60 |
2 - 40 |
8,100 |
5,70 - 7,96 |
0,14 - 2,40 |
créatinine |
0,010 |
0,08 - 1,20 |
80 -120 |
1,8 |
0 dans des conditions normales |
1,8 |
acides aminés |
0,50 |
0,80 - 1 |
1 - 2 |
90 |
88,5 -88,8 |
1,2 - 1,5 |
bilirubine |
0,005 |
0 |
0 |
|
|
|
glucose |
1 |
0 |
0 |
180 |
180 |
0 |
cholestérol |
1,50 - 2,30 |
traces |
0 |
|
|
|
Na+ |
3,3 |
3,0 - 6,0 |
1 - 2 |
594 |
585,0 -
589,5 |
4,5 - 9,0 |
K+ |
0,18 - 0,19 |
2 - 3 |
10 -15 |
sécrété par le néphron | ||
Mg2+ |
0,018 - 0,020 |
0,10 |
5 |
3,24 - 3,60 |
3,09 - 3,45 |
0,15 |
Ca2+ |
0,1 |
0,1 - 0,3 |
1 - 3 |
18 |
17,55 - 17,85 |
0,15 - 0,45 |
Cl- |
3,65 |
5,00 - 7,00 |
1 - 2 |
657 |
646,5 -
649,5 |
7,5 -10,5 |
HCO3- |
1,650 |
0 |
0 |
297 |
297 |
0 |
SO42- |
0,045 |
1,400 - 3,500 |
30 - 80 |
8,10 |
2,85 - 6,00 |
2,10 - 5,25 |
PO43- |
0,1 |
1 - 1,5 |
10 -15 |
18,0 |
15,75 -16,5 |
1,5 - 2,25 |
NH4+ |
0,001 - 0,002 |
1,000 - 3,500 |
1000 - 2000 |
sécrété par le néphron |
La filtration glomérulaire et
surtout la réabsorption tubulaire sont contrôlées par de très nombreux
mécanismes essentiellement endocrines mais de nombreux médiateurs endocrines
(hormones) sont sécrétés par le système nerveux central (neurohormones) comme
par exemple l'ADH ou antidiurétique hormone qui contrôle notamment la
réabsorption de l'eau au niveau du tubule collecteur de Bellini. Ces mécanismes
permettent le contrôle du volume sanguin qui est un paramètre essentiel de la
bonne perfusion des organes. De même la constance ionique du milieu intérieur,
qualifiée d'homéostasie, qui est le reflet de la dynamique du métabolisme de
nombreuses substances comme la calcium, le sodium ou tout simplement un
paramètre comme le pH sanguin qui est un paramètre lié à de très nombreux
mécanismes.
La coloration jaune de l'urine est essentiellement due à l'urée (ainsi
qu'à des ions comme l'ion ammonium) et peut donc être plus ou moins foncée en
fonction de sa concentration en eau mais l'urine ne contient pas des pigments
colorés (comme les pigments végétaux de la betterave ou comme la chlorophylle
que l'on peut retrouver dans les selles). Une urine colorée en rouge doit
immédiatement conduire à une consultation médicale car elle est le plus souvent
le signe de la présence de sang dans l'urine et donc d'une lésion interne (au
niveau des conduits ou des reins).
La vessie a une capacité maximale moyenne d'environ 1L.
La miction volontaire s'exerce par l'intermédiaire des muscles
squelettiques constituant le diaphragme pelvien. Le relâchement de ces muscles
entraîne l'ouverture du sphincter interne et étire la paroi de la vessie. Cet
étirement provoque par voie réflexe la contraction de la vessie et le
relâchement du sphincter externe. La pression interne de la vessie peut être
augmentée par contraction des muscles abdominaux. La sensation de "vessie
plaine" qui peut être atteinte dès 400 mL est souvent liée à la contraction de
ces muscles abdominaux. Le sphincter externe n'est pas contrôlé par les jeunes
enfants et le réflexe de miction se déclenche dès le remplissage de la vessie.
Les matières fécales (100 à 250 g par jour dont 75% d'eau pour un adulte et 60 à150 g pour un enfant) sont constituées pour environ 25% de résidus des aliments et des microorganismes vivants ou morts de la "flore intestinale" (estimés à 50 à 100 millions d'organismes éliminés par jour) et pour 75% de produits excrétés soit avec les sécrétions bilaires, pancréatiques ou du tube digestif. La couleur des selles, normalement brune (stercobiline) peut être un bon indice de l'alimentation ou de pathologies : blanche par absence de pigments biliaires, rouge due à des pigments comme ceux de la betterave mais aussi à la présence de sang frais, noire d'origine alimentaire (mûres) ou pathologique (sang dégradé), verte due à la chlorophylle, jaune avec une forte proportion d'eau...
Les maladies liées à l'alimentation seront abordées dans le chapitre sur la santé. Cette partie vise essentiellement à fournir les bases de la compréhension de l'équilibre alimentaire au sein de l'alimentation comme acte social (Tavernier, p 54) car, pour l'homme comme pour la plupart des organismes, l'alimentation, la prise alimentaire, le choix des aliments et leur mode de consommation, ne se fait pas seul. D'ailleurs la prise alimentaire est la plupart du temps traitée dans le travail de relation. Alors que la digestion, l'absorption et la distribution des nutriments font incontestablementr partie du travail de nutrition.
L'équilibre, si l'on utilise
un vocabulaire analogique physique qui se réfère par exemple à
l'équilibre d'une réaction chimique ou, de façon plus lointaine, à l'équilibre
entre les deux plateaux d'une balance. L'équilibre alimentaire peut alors être
défini comme un état stable dynamiquement où l'apport alimentaire compense
les dépenses: l'état idéal où la quantité de nutriments couvre les
besoins énergétiques, de croissance et de renouvellement
moléculaire, sans excédent. Il est évident que cet état est théorique car
l'organisme a la capacité de faire des réserves (sauf des réserves en eau, ce
qui empêche le jeune sans boisson pour une durée supérieure à quelques jours :
les apports quotidiens recommandés étant d'environ 2,5 L en comptant l'eau
alimentaire: la plupart des aliments contiennent plus de 50% d'eau).
D'une façon classique on sépare les besoins quantitatifs et les besoins
qualitatifs.
On arrive ainsi à établir des rations alimentaires équilibrées adaptées aux âges, activité, état physiologique de chacun.
La ration alimentaire annuelle d'un
européen |
||||||||
origine végétale |
poids en kg ou volume en L |
% eau approx. |
poids SEC (kg ou L) |
origine animale |
poids en kg ou volume en L |
% eau approx. |
poids SEC (kg ou L) |
|
légumes frais |
59,7 |
95-75 |
9 |
viande 47,3 |
boeuf |
13,2 |
70-60 |
17 |
fruits frais |
57,2 |
90-80 |
9 |
volailles |
13,2 |
|||
Pain |
45,7 |
37 |
30 |
porc |
7,6 |
|||
pommes de terre |
40,1 |
40 |
16 |
mouton |
4 |
|||
sucre |
10,8 |
0 |
11 |
lapin |
3,3 |
|||
huile |
8,9 |
0 |
9 |
cheval |
0,6 |
|||
pâtes alimentaires |
5,5 |
60 |
2 |
charcuterie |
8,2 |
25-45 |
6 |
|
riz |
3,8 |
40 |
2 |
poissons et crustacés |
6,4 |
80-55 |
2 |
|
farine |
3,4 |
< 5 |
3 |
165 oeufs |
87 |
- |
||
confiture |
3 |
30 |
2 |
lait |
66,6 |
88-90 |
7 |
|
fruits secs |
1,1 |
20 |
1 |
fromage |
15,3 |
38-55 |
8 |
|
légumes secs |
1,1 |
20 |
1 |
beurre |
6,3 |
15 |
5 |
Des conseils de diététique ?
Au sens large, étymologique, la diététique
est un art de vivre, une hygiène, pas seulement corporelle. Au
sens plus restreint la diététique est la science des régimes alimentaires,
préventifs et curatifs, en vue d'un état de santé alimentaire.
On ne peut qu'être frappé du décalage entre le niveau de connaissances
scientifiques sur la physiologie digestive ou le métabolisme et le degré d'emprisisme
ou d'irrationalisme qui règne dans les conseils pour régimes qui traînent dans
beaucoup d'ouvrages, et notamment les ouvrages scolaires.
En voici un exemple:
on parle parfois de glucides lents et rapides en propageant une idée a
priori simple: les glucides complexes sont plus longs à assimiler (digérer,
absorber, transporter, métaboliser) que les glucides simples.
Si effectivement, seul le glucose circule dans le sang et est métabolisé, il
faut donc uniquement comparer les temps de digestion (dégradation enzymatique)
et d'absorption, puis de transformation en glucose. Mais les mécanismes sont
extrêmement complexes. Les transporteurs spécifiques de la bordure en brosse des
entérocytes (voir ci-dessus) ne fonctionnent pas à la même vitesse: par exemple
on sait que le transport du glucose est très rapide mais pas celui du fructose.
En plus le fructose doit être transformé en glucose dans l'entérocyte. Le
galactose passe en compétition avec le glucose. Glucose et galactose seraient
transportés dans le même sens que le Na+(symport), le glucose ou le galactose
rentrant dans l'entérocyte contre son gradient de concentration alors que le Na+
rentre dans la cellule dans le sens de son gradient. Une pompe ATP dépendante
(dépensant de l'énergie) expulserait ensuite le Na+ à l'extérieur au pôle basal.
En résumé:
* si vous mangez un morceau de sucre (saccharose), il est coupé au niveau de la
bordure en brosse des cellules intestinales en fructose et glucose (cette
réaction chimique qui est une hydrolyse est parfois qualifiée d'inversion (on
trouve "sucre inverti" sur les emballages d'aliments sucrés) car elle inverse le
comportement d'un faisceau lumineux traversant une solution de ce mélange). Ces
deux sucres sont absorbés tous les deux, le premier lentement, le deuxième
rapidement. Puis le fructose est converti en glucose dans la cellule. Enfin le
glucose passe dans le sang et fait augmenter la glycémie (teneur en glucose
sanguin). Malgré mes recherches je n'ai trouvé aucun document où est précisé
l'évolution de la gycmémie après absorption d'une sucre. Les plupart du temps on
parle d'ingestion de sucre mais sans renseignement supplémentaire
* si vous mangez une datte, le sucre principal est le fructose, il est possible
que l'assimilation soit beaucoup plus lente. Mais la datte contient aussi du
saccharose.
* si vous mangez un morceau de pain qui contient du sucre essentiellement sous
forme de sucre complexe (amidon). La dégradation enzymatique intestinale est
multiple et mais comme la molécule d'amidon contient de nombreuses chaînes
auxquelles les enzymes peuvent retirer simultanément un glucose, finalement
l'hydrolyse est assez rapide. L'absorption du glucose est ensuite rapide.
Au total, que l'on consomme des pâtes alimentaires, du pain, du jus de fruit, un
sucre... le glucose passe vite dans le sang, la glycémie augmente
rapidement et le glucose est stocké et utilisé. On observe classiquement une
hyperglycémie (une augmentation de la glycémie qui passe typiquement de 1
g/L à 1,2 g/L avec un maxima environ 1 h après l'ingestion de 100 g de glucose)
suivie d'un retour à la glycémie initiale puis par une phase transitoire d'hypoglycémie
(typiquement entre 3 et 4 h après l'ingestion de glucose). Cette hypoglycémie
est qualifiée par certains de "fringale" mais elle me paraît bien tardive (elle
est probablement due à la sécrétion d'insuline, une hormone au rôle
hypoglycémiant qui assure le stockage du glucose dans le foie et surtout son
utilisation par les cellules).
Par contre ces aliments ne sont pas tous formés que de sucres. Et ce sont les
autres composés organiques qui font toute la différence. Je crois savoir par
exemple que l'absorption simultanée de lipides et de protides diminue la vitesse
d'absorption du glucose et donc le pic hyperglycémiant et par la même
l'hypoglycémie résultante. Bref, les données expérimentales accessibles
facilement manquent (à ma connaissance).